Quelle est la recette du bonheur ?

Une étude américaine livre la réponse

C’est la plus longue étude jamais effectuée sur le bonheur. Une équipe de chercheurs de l’université de Harvard a analysé les vies de 764 hommes depuis 1938. Elle s’intéresse à présent à celle de leurs 2 000 enfants.

Peut-on scanner intégralement la vie d’un individu ? Scruter ses choix professionnels, son parcours amoureux, sa condition physique, de son adolescence jusqu’à ses vieilles années ?

Le psychiatre américain et professeur Robert Waldinger l’a fait. Avec son équipe de la faculté de médecine de l’université Harvard à Boston (Massachusetts), ce professeur a présenté fin 2015 les premiers de la plus longue étude sur le bonheur jamais effectuée.

Pendant 75 ans, l’institut a étudié et collecté des informations sur 724 hommes américains dans le but de répondre à une question aussi vaste que fondamentale : Qu’est-ce qui nous rend heureux tout au long de notre vie ? Pour y parvenir, son instigateur, George Vaillant, psychiatre, professeur et ancien directeur du département de psychiatrie d’Harvard, a sélectionné deux catégories d’hommes, issus de classes sociales opposées.

NI LE TRAVAIL, NI LA CÉLÉBRITÉ, NI L’ARGENT

Nous sommes alors en 1938, à l’aube de la Seconde Guerre mondiale. Le premier groupe est constitué de 268 hommes en deuxième année de faculté dans la prestigieuse université américaine, qui partiront ensuite servir dans l’armée. Parmi eux, un certain John Fitzgerald Kennedy, qui deviendra le 35e président des États-Unis…

Le second groupe, lui, est composé de 456 jeunes hommes du quartier le plus pauvre de Boston. Leur univers ? Des HLM, peu ou pas d’eau courante et peu de perspectives professionnelles.

Tous les deux ans, des informations sur la vie personnelle de ces hommes ont ensuite été recueillies par les chercheurs de l’étude, qui se sont eux-aussi succédé.

« Nous les avons interviewés chez eux, récupéré leurs dossiers médicaux chez leurs médecins, scanné leurs cerveaux, filmé en train de parler avec leurs femmes, dans l’idée de dresser le portrait le plus précis possible de leurs vies », explique Robert Waldinger, aujourd’hui à la tête de l’étude. 

Au fil des ans, les données ont permis aux chercheurs d’affiner leurs résultats. En 2015, la plupart des candidats de l’étude a plus de 90 ans, et seuls 60 des 724 hommes sont encore vivants. L’équipe d’Harvard se penche désormais sur leurs 2 000 enfants et sur leurs femmes.

Mais la réponse à leur question, ils la tiennent déjà : ce qui rend heureux les hommes, ce n’est ni l’argent, ni le travail, et encore moins la gloire… Non, selon l’étude, pour être heureux dans la vie, il faut…

1. S’ENTOURER

« Expérimenter la solitude est toxique », selon Robert Waldinger. Les personnes les plus heureuses sont celles qui sont le plus en contact avec « leur famille, leurs amis et la communauté ». D’après l’étude, la santé des personnes les plus isolées déclinerait plus rapidement dès le milieu de leur vie, tout comme leurs capacités cognitives. Résultat : elles mourraient plus vite.

2. PRIVILÉGIER LA QUALITÉ À LA QUANTITÉ

Ce n’est pas tant le nombre de vos proches qui compte, mais plus le genre de relation que vous entretenez avec eux. Ainsi, les personnes malheureuses dans leur mariage ou leur couple, en manque d’affection et exposées à un « milieu conflictuel » souffriraient davantage des douleurs physiques inhérentes au vieillissement.

À choisir, mieux vaut donc ne pas être en couple, ou divorcer, plutôt que de s’acharner dans une absence d’équilibre. « La complicité nous prévient des aléas de l’âge » précise le chercheur, « s’investir pleinement pour la soigner permet de se prémunir de troubles émotionnels ». 

3. BÂTIR DES RELATIONS DURABLES

Pour se prémunir de la démence, le mieux est d’entretenir de longues relations, qui perdurent dans le temps. D’après l’étude, les personnes qui se sont mariées et n’ont pas divorcé, qui ne se sont pas séparées ou n’ont pas eu « de sérieux problèmes » avant 50 ans dans leurs relations auraient des meilleurs résultats lors d’examens de mémoire que ceux qui sont habitués aux relations éphémères. Et ce, tant au niveau de leurs relations amicales qu’amoureuses.
« Les disputes sont saines et les relations n’ont pas à être lisses, l’important est qu’elles reposent sur un socle solide », assurent les chercheurs de l’étude.